dimanche 26 avril 2015

Hospitalité aux Enfants Trouvés


Hospital des Enfants-Trouvés, institution destinée à recueillir les enfants abandonnés
.
L'assistance aux enfants abandonnés est une obligation seigneuriale découlant du DROIT D'EPAVE qui fait du seigneur l'héritier des "bâtards" nés, possédant des biens dans sa seigneurie et décédés sans enfants ni testament. 

En regard des lois et des usages de l'époque les enfants abandonnés ou trouvés sont des "bâtards". Beaucoup de seigneurs essaient d'échapper au financement de l'assistance et tentent de s'en décharger sur les établissements hospitaliers ou sur les communautés d'habitants comme le prescrit l'ordonnance de Moulins de 1556. Cela occasionne de nombreux procès. 
En 1572, un arrêt oblige les seigneurs hauts-justiciers à pourvoir à l'entretien "des pauvres enfants trouvés"
En 1633, Vincent de Paul fonde l'Ordre des Filles de la Charité pour aider les enfants parisiens trouvés. 
Grâce à sa persuasion il arrive à convaincre des "dames charitables" de financer une institution qui centralisera l'action.
En 1638 est alors fondée la Maison de Couche de Paris qui sera en 1670 rattachée à l'Hôpital Général. 

Une étude détaillée des entrées et sorties à la
 maison de la Couche entre 1747 et 1756 
laisse soupçonner que l'établissement fut au 
centre d'un gigantesque trafic d'enfants.

En mai 1750, une rumeur persistante faisant état d’enlèvements d’enfants mit Paris en émoi. Les gens disaient que des agents de police déguisés s’emparaient d’enfants et d’adolescents et les envoyaient à l’Hôpital général. Des émeutes graves éclatèrent, des commissariats furent incendiés et des gardes tués. La répression de cette « Marche rouge » fut sévère et se solda par des condamnations à mort. Mais qu’était donc cet Hôpital général de sinistre réputation ? Fondé en 1656 par Louis XIV, il était destiné d’abord à résoudre le problème de la mendicité par le « renfermement » des mendiants. Mais très vite cet établissement laïque géré par le parlement de Paris fut également utilisé pour enfermer d’autres catégories de population : les prostituées, les ivrognes et bientôt les enfants abandonnés...
... ou confiés à l’institution par des parents sans ressources, puis ceux qui traînaient dans les rues ou simplement y jouaient...



Pour en savoir plus sur le sort fait à ces enfants disparus, Marion Sigaut s’est plongée dans les riches archives de la Salpêtrière qui, avec Bicêtre et La Pitié, formait l’Hôpital général.
 Outre les conditions de vie inhumaines qui y régnaient, elle éclaire les terribles scandales qu’étouffèrent les dirigeants de l’établissement.
 Se pourrait-il que la rumeur d’un commerce d’enfants ait eu un fondement ?
 Que sont vraiment devenus les enfants perdus de l’Hôpital général ? 
Furent-ils livrés à des libertins qui en usaient en toute impunité ? 
Furent-ils vendus à la Compagnie des Indes pour peupler la colonie du Mississippi ?
Autant de questions auxquelles Marion Sigaut, dans une enquête passionnante, tente d’apporter une réponse.

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