lundi 27 avril 2015

On demande un super héros pour vaincre le syndrome d'aliénation parentale

Le 14 juillet ,2013 vers 14 heures, Mme Rossignol retire de l’argent au distributeur automatique d’une banque de la place Saint-Jacques à Compiègne.
 Un homme lui vole l’argent, elle le poursuit dans la rue.
« Tout le monde était comme tétanisé, raconte-t-elle. Je demandais de l’aide pour l’arrêter. Une seule personne lui aurait sauté dessus ou simplement fait un croche-patte, en trente secondes, on le maîtrisait. »
. « Ce n’était pas le Compiègne désert. Il y avait du monde aux restaurants voisins », témoigne-t-elle.
Plein de choses ne se passeraient pas si les gens se bougeaient. Il y a un problème d’implication. Est-ce que nous sommes de simples spectateurs et commentateurs du monde dans lequel on vit, et pas des acteurs, des gens qui réagissent ? Quand vous criez « Au secours ! », personne ne bouge maintenant. Si j’avais reçu ne serait-ce que l’aide d’une seule personne… »


Zorro n'a pas aidé Madame Rossignol



Revenons à un sujet sérieux;


LE SYNDROME D’ALIÉNATION PARENTALE

Mme Rossignol:  « La première des protections est collective, c’est la solidarité.


Allo...
Non, mais, allo, quoi...


« Les seuls êtres vivants que l'on peut frapper sans justifier que l'on puisse intervenir, ce sont les enfants. Il y a probablement quelque chose à travailler collectivement…»,
 a souligné la secrétaire d'État, qui n'envisage pas de loi pour le moment.
Novembre 2014



Dixit, Rossignol, le SAP est une spécialité française



Martine Aubry, des phrases très justes.


Alors, parce qu’il estime «qu’un arbre ne grandit pas avec une seule racine» et pour que «le gouvernement ouvre enfin les yeux sur la situation des pères», Grégory Desplanques manifeste pour la coparentalité (CopCo),




2013

A écouter avec attention
Dommage, que l'on doive monter le son.

J'ai perdu le fil de la discussion





Mme Rossignol
Secrétaire d’État chargée de la Famille, des Personnes âgées et de l’Autonomie,                                                                     auprès de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, depuis avril 2014

Mme Rossignol, mauvaise à l'oral

***********

 Catherine. Dolto : "on oublie et sous-estime combien le regard et la parole des pères sont importants dans l'éducation. Nous devons valoriser la place du père au sein de la famille. Il arrive ainsi très régulièrement dans mes consultations qu'un adolescent soit seulement accompagné de sa mère. Quand je demande que le père vienne aussi, la mère m'affirme qu'il ne se déplacera jamais. Mais, quand je leur écris pour le leur demander, les pères viennent!"

 Cette situation est d'autant plus inquiétante 
quand on constate que Mme Rossignol, en principe en charge de la famille au gouvernement, n'a toujours pas répondu à la question écrite de Mme la Députée Pompili posée en septembre 2013 sur l'absence de programme de valorisation de la paternité en France.


Mme Rossignol, pas meilleure à l'écrit ???




Transfert d'Enfants

Présentation du BUMIDOM

Le BUMIDOM, BIBIDÒM 

Le Bureau pour le développement des Migrations intéressant les Départements d'Outre-mer(BUMIDOM), est une société d'état créée par un arrêté du 26 avril 1963. 

Sa mission consiste à organiser l'émigration,le déplacement, l'insertion professionnelle par un placement direct dans un emploi ou par le biais d'une formation  des migrants antillais en général et guadeloupéens en ce qui nous concerne. 

Pour saisir la philosophie de cet exode massif de guadeloupéens vers la "terre promise", il faut se référer au contexte socio-économique de l'époque en Guadeloupe mais aussi en France.


En Guadeloupe la situation est caractérisée par une forte poussée démographique (+ de 58 % entre 1950 (206 000 h) et 1980(327 000 h)), source : INSEE) associée à des problèmes de chômage très aigus.


 Par ailleurs, ces difficultés sociales commencent à générer de nombreuses grèves et même des émeutes. A titre d'exemple, en 1967 éclate une grève très dure dans le secteur du bâtiment réprimés dans le sang (50 grévistes sont tués).

A l'opposé, la France considérée comme un eldorado est en pleine croissance économique (période des trente glorieuses) avec une grande pénurie de main-d'œuvre dans le bâtiment, les postes, les transports et les métiers hospitaliers notamment. 


D'où le recours aux guadeloupéens après avoir fait venir de nombreux travailleurs des ex-colonies du Maghreb et d'Afrique.
Par cette solution, le pouvoir français réalise une pierre deux coups : régler ses problèmes de main-d'œuvre et désamorcer la crise sociale mais aussi politique grandissante en Guadeloupe.


  

Intervention d'Huguette Bello 
sur l'exil forcé des enfants réunionnais

Février 2014

dimanche 26 avril 2015

27 000 PLAINTES


Bébé à la carte


Deux femmes, dont l'une est gérante d'un orphelinat, ont été arrêtées par la police vietnamienne pour avoir vendu un garçon d'un an.

PAR LA RÉDACTION NUMÉRIQUE DE RTL , AVEC AFP 

GPS et carte bancaire?


Quatre personnes convoquées pour interrogatoire,
indique ce lundi le quotidien officiel Tuoi Tre.

1.200 euros pour l'enfant


Le garçon, qui aurait été déposé à l'entrée de l'orphelinat juste après sa naissancea plus tard disparu soudainement "sans raison", selon le journal.

Des bébés, toujours en boites en 2015


Jules.
 C'est le cinquième bébé abandonné dans la seule "boîte à bébés" de Belgique, gérée par l'association Moeders voor Moeders (Des mères pour les mères), dans le district de Borgerhout, en banlieue d'Anvers.

Publié le 26-02-2015 

L'OBS Monde

100  "boîtes" en Europe

L'explosion de ce système date des années 2000. L'Allemagne (même si elle fait dorénavant machine arrière) a été la première à l'adopter, suivie par une dizaine d'autres pays, comme l'Italie, la Suisse, la Pologne et la Belgique. Destinées aux parents en détresse qui veulent abandonner leur nouveau-né dans l'anonymat absolu, ces boîtes visent surtout à éviter ces faits divers terribles d'infanticides de nouveau-nés ou d'abandons de bébés dans des lieux sordides



la boitajul - Belgique



  ici


  et là...



Les nouvelles boites à bébés

Cette pratique, connue en France sous le nom de «tour d'abandon» et qui n'existe plus dans l'hexagone, avait disparu d'Europe au siècle dernier.


 Mais 200 boîtes à bébés ont été installées sur le continent européen dans les dix dernières années, affirme le comité, dans des pays aussi différents que l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse, la Pologne, la République Tchèque ou la Lettonie, et plus de 400 enfants ont été abandonnés
Des groupes religieux et des politiciens de droite soutiennent le retour des boîtes à bébés, selon des arguments qui ressemblent à ceux des militants anti-avortement, affirmant qu'elles «protègent le droit d'un enfant à la vie» et sauvent «des centaines de nourrissons»


L'article 7 de la Convention relative aux Droits de l'Enfant dit notamment que celui-ci a, dès sa naissance «dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d'être élevé par eux», et son article 9 que les Etats doivent respecter le droit de l'enfant d'«entretenir régulièrement des relations personnelles et des contacts directs avec ses deux parents».

Pour Herczog, les boîtes à bébé devraient être remplacées par de meilleurs plannings familiaux, des conseillers présents pour les femmes et un soutien financier pour les grossesses imprévues. Elle compare la situation actuelle en Europe à celle des Etats-Unis, et note que «maintenant, on a des membres du parlement européen qui veulent des boîtes à bébé et qui rejettent purement et simplement la convention»

En France, où l'accouchement sous X a succédé aux tours d'abandon...


LE MONDE du 11.06.2012
 
11 PAYS EUROPÉENS CONCERNÉS

Le système avait pourtant disparu depuis plus d'un siècle en Europe. Mais la médiatisation de faits divers glaçants, comme l'abandon de nouveaux-nés dans des poubelles, a remis au goût du jour cette pratique qui semblait d'un autre temps. L'Allemagne a été la première à réintroduire le mécanisme en avril 2000. Depuis, dix autres pays européens l'ont adopté, comme l'Italie, la Suisse ou encore la Pologne. Aujourd'hui, plusieurs centaines de "boîtes à bébé" sont installées sur le Vieux continent. 

Le fonctionnement est simple. Dans la plupart des pays qui utilisent ce système, le parent qui abandonne anonymement son enfant dans une de ces "boîtes" a huit semaines pour revenir sur sa décision. Les services hospitaliers vérifient son identité grâce aux empreintes digitales prélevées sur le nouveau-né au moment où il est récupéré. Passé ce délai, une procédure d'adoption classique est enclenchée, tandis que l'Etat devient légalement responsable de l'enfant






HIER






 AUJOURD'HUI

Qu'est ce qui change?


Nombre de psychologues assurent toutefois qu'il est important pour un enfant d'avoir un jour la possibilité de prendre contact avec sa mère. 
Les plus virulents veulent la suppression pure et simple des boîtes à bébés, affirmant qu'elles ne font pas diminuer les statistiques des nouveau-nés tués.
Selon l'ONG Terre des hommes, qui mène campagne contre les babyklappe, 313 nouveau-nés ont été retrouvés morts entre 1999 et fin 2012 en Allemagne.
 Pour elle, les femmes qui tuent leur bébé à la naissance sont dans une situation psychologique telle que les trappes à bébés ne sont pas un recours pour elles. 
 A Berlin, les corps de deux bébés ont été récemment découverts, l'un abandonné dans un sac en plastique dans un bosquet, l'autre dans une benne à vêtements

Boites à bébés  Le Monde | 

L'Allégorie de la patrie nourricère

Jules  Michelet



Si ta mère ne peut te nourrir, si ton
père te maltraite, si tu es nu, si tu as
 faim, viens mon fils, les portes sont 
toutes grandes ouvertes, et la France
 est au seuil pour t'embrasser et te 
recevoir. Elle ne rougira pas, cette
 grande mère, de prendre pour toi les
 soins de la nourrice, elle te fera de sa 
main héroïque la soupe du soldat, et si 
elle n'avait pas de quoi envelopper
 réchauffer, tes petits membres 
engourdis, elle arracherait plutôt un 
pan de son drapeau



Fille à marier


Au début du xxe siècle, le directeur de l’agence de placement d’Abbeville (Somme) accorde une dot de 500 francs à une « jeune fille très bien élevée » à la conduite « parfaite »[1]  Archives de la Ville de Paris (AVP), EA 3645, dossier... [1] 
Comme la famille et de nombreuses autres institutions sous la Troisième République, l’Assistance publique contribue à forger une identité féminine. Mais, pour ce qui touche à la moralisation des filles, les conceptions de la bourgeoisie et de la paysannerie et celles de l’Assistance publique sont si convergentes qu’il est difficile de trouver une quelconque spécificité à l’action de celle-ci. 
Dans les agences de placement comme dans les familles, à l’école primaire comme au catéchisme, les filles reçoivent une éducation qui les prépare à leur futur rôle d’épouses et de mères.
 La politique de l’Assistance publique s’inscrit dans ce contexte en répondant à une demande sociale qui croit aux vertus de la moralisation, surtout lorsqu’elle est destinée à des adolescentes sans parents


L'ascension sociale des jeunes filles de l'assistance publique (1880-1940)

Ivan Jablonka

Les Enfants-Trouvés, texte de 1831.

Un témoignage d'André DELRIEU

Voici, à mon sens, le résumé des moeurs actuelles.
 D’autres, mieux prodigues de leur plume, et surtout mes maîtres, diront en se jouant cet infini panorama de la cité qui fait le monde à son moule, cette vie nombreuse où le Parisien se berce ainsi qu’au roulis d’un vaisseau. 
Moi, observateur jeune, j’ai cherché naïvement le résultat ; j’ai brodé sur le fond. 

Ce livre est une histoire, dont mon texte, étudié savamment, pourrait clore le drame en dernier chapitre. Dieu veuille que mon ébauche se pardonne !
 Ailleurs sont les curieuses spécialités, les investigations mordantes, le coloris chaud de la ruelle, la fine langue des salons ; ici, la vérité crue, le détail honteux et le chiffre sanglant couvriront la faiblesse du narrateur.

 Et ce n’est pas ma faute si un sujet, pris au hasard dans le roman de la grande ville, rattache à une idée seule la source, le noeud et le progrès de la société contemporaine ; il y a même, dans le fait unique de l’existence de l’hospice des Enfants-Trouvés, une question de haute théorie.
 Que vous jouissiez à l’Opéra de la plénitude d’une représentation sensuelle, ou que vous contempliez, binocle en main, le cadavre d’un noyé sur les planches de la Morgue, partout et à toujours la Gorgone de l’immoralité regardera vos yeux de ses yeux béants.

 Chez quelques peuples, la mesure de la civilisation se prend encore à l’âge des monuments funéraires ; en France, on peut estimer l’humanité à l’infection d’un berceau.
 Vous voyez donc que la raison de l’homme a grandi de tout l’intervalle qui sépare la vie et la mort ; c’est une conquête immense, admirablement taillée à nos imaginations géantes. 

L’égoïsme est presque littéraire : il veut des monstres.

J’allais vous parler de poésies modernes ; et c’est d’un hôpital qu’il s’agit.


Jamais édifice public n’offrit un aspect plus directement opposé aux idées pénibles que son existence remue.
 Il semble qu’on y retrouve à plaisir ce contraste, si répandu chez nous, de simples choses et d’horreurs profondes. 
En y entrant, vous cherchez des larmes, des émotions philosophiques, du dégoût ; et c’est à peine si vous entendez les vagissements des nouveau-nés ; et partout vous rencontrez, autour de vous et sous vos pas, des fleurs, de bonnes soeurs grises, des rideaux bien blancs, des crucifix, un peu de crime, et voilà tout. 
On se promène entre ces rangées de berceaux comme dans une prairie ; seulement, dans une prairie, la terre, cette mère commune, rend aux plantes orphelines leur véritable nourrice.
 On voit des têtes blondes, des figures d’ange, une salle qu’on nomme poétiquement la Crèche, une chapelle mignonne, et un amphithéâtre de dissection. Les bâtiments formaient un ancien couvent d’oratoriens ; aujourd’hui c’est un hospice d’enfants trouvés : il y a deux siècles dans ces deux mots.




 Rien de remarquable à cet hospice ; il ressemble à un collége, à une manufacture, à la maison du bout de la rue, à la maison de votre père.

 J’oubliais pourtant une statue que vous saluez pieusement à l’entrée. Vincent de Paule veille dans le vestibule de son temple ; Vincent de Paule, cet homme dont l’instinct évangélique sauva le cinquième des populations qui passeront sur sa tombe.
 Ses contemporains embarrassés ont écrit son nom dans l’almanach ; Napoléon, lui, en aurait fait un ministre, et pour cause.


Lorsque j’arrivai à la grille, mes yeux s’arrêtèrent sur une boîte, ou tourniquet, placé à droite de la porte, et s’ouvrant par deux coulisses à l’intérieur et sur la rue.

 Ce tourniquet représente parfaitement une boîte  aux lettres. 

Il est vrai qu’une mère y jette son enfant à peu près comme un billet doux à la poste, avec cette nuance que le billet doux entame l’intrigue, et que l’enfant la dénoue. 

L’histoire du tourniquet a subi les caprices de la morale publique. 
Jadis, la femme misérable ou adultère déposait là, de nuit et mystérieusement, son nouveau-né ; puis, tirant la sonnette pour éveiller la soeur de garde, elle s’échappait dans l’ombre avec ses larmes ou ses remords. 

A cette heure, un singulier abus a forcément simplifié le recrutement de l’hospice.
 Il paraît qu’autrefois on trouvait fréquemment au matin dans le tourniquet des enfants morts, et glissés avant le jour à ce lieu de passage, sans doute pour éviter les frais d’enterrement ou escamoter un crime. 



Ce moyen de frauder la guillotine et les pompes funèbres a disparu. 
Une soeur veille, pendant la nuit, à l’entrée du parloir, et reçoit les survenants de la main à la main ; le tourniquet ne s’ouvre plus, et son cadenas est rouillé. 

D’ailleurs, cette voie a perdu le charme du secret.



 Je vous dirai que maintenant on tient fort peu à cacher qu’on est gêné d’un enfant ; qu’il vienne du boudoir ou du grenier, qu’il tombe d’une calèche ou d’une hotte, avec des langes brodés ou un lambeau de laine, c’est une affaire de ménage, un intérêt de famille qu’on traite à l’amiable. 

On présente l’enfant au parloir en plein midi ; on le recommande même aux soeurs, en répétant avec soin le nom de son père ; on verse quelques larmes, et c’est fini. 



Après cela, que l’infortuné  crie, meure, soit déchiqueté par l’anatomiste et cousu en morceaux dans une toile à sac qu’on jette au trou banal du cimetière, peu importe ! 
l’honneur est sauf, la mère va au bal ou à la Salpêtrière, la civilisation marche, la médecine rayonne, et nous avons à l’université un cours d’économie politique : c’est admirable !




Quelques fois, dans des jours rares, le coeur de la mère se rompt d’angoisse au spectacle de cette séparation hideuse ; ses mains tremblent en déroulant le maillot troué ; elle pleure et elle embrasse long-temps l’enfant qui ne l’appellera jamais sa mère. 




On m’a raconté des aventures touchantes, des regrets cuisants, des drames tout entiers, et dont le coloris rafraîchit cette fiévreuse nature. 

Il y a de pauvres ouvrières qui marquent leur nouveau-né ; qui suspendent à son cou un ruban, un chapelet, une vieille bague ; qui lui donnent un nom bien aimé, et supplient les soeurs de lui 
donner ce nom. 


Celles-ci viennent chaque mois, chaque semaine, s’enquérir avec anxiété du sort de la victime ; car elles ne doivent jamais la voir ; et, en cas de mort, on leur refuse le cadavre : c’est le bénéfice du scalpel de l’interne.

 D’autres, ne sachant plus résister à leur douleur, usent d’une fraude pieuse, et s’engagent comme nourrices pour rendre le sein à leur enfant. Ces femmes-là mériteraient un prix de vertu.

Ce serait une belle chose, philanthropique vraiment, que de rechercher dans quelle proportion les diverses classes de la société se distribuent ces coupables mères ; un pareil dénombrement, s’il était praticable, fixerait ces mille physionomies du vice, qui nous échappent par leur mobilité, et dessinerait arithmétiquement la plus satisfaisante revue de ce Paris complet, depuis la boue de ses carrefours jusqu’à la flèche de son Panthéon.

 Jamais populace romaine, fouettée par Juvénal, n’aurait étalé au Forum plus d’insouciance et de haillons ; jamais surtout délicieuses infamies du prétoire ne seraient révélées en mémoires plus piquants, même après le pamphlet de Pétrone. 

Voyez quel coup de massue sur ce réseau si fin d’élégance où dorment les vieux péchés de Lutèce ! Peut-être les économistes trouveraient-ils dans cette légende curieuse le résultat que le pauvre attend depuis la création de leur science.
 Bientôt il y aurait émulation, sinon de vertu, au moins de bon ton, à réduire progressivement le chiffre jusqu’à la pureté de zéro ; toutes les moralités passeraient à ce laminoir de statistique ; les grandes dames et les grisettes, le boudoir et la ruelle, la misère et la luxure se balanceraient en produit net : un jour, le quartier de la chaussée d’Antin cacherait son nombre ; un autre, le faubourg Saint-Marceau ferait parade de sa fraction. Enfin, pour récompenser ce travail patriotique, l’Académie des Inscriptions ouvrirait ses portes au légendaire


J’ignore si les progrès de la philosophie amèneront cet essai de perfectionnement ; mais il est certain que l’hospice des Enfants-Trouvés possède déjà un excellent moyen pratique d’y atteindre.



L'Hospice des Enfants trouvés tient un répertoire des admissions où figurent les nom et prénom de l'enfant, son numéro matricule, sa date d'admission, son envoi à la campagne et, éventuellement, sa date de décès.



Mathilde est inscrite sur le répertoire
 à la date du 5 Mai 1807


 C’est un registre, un simple registre où s’inscrivent, à la réception du nouveau-né, toutes les plus minutieuses circonstances qui ont accompagné son dépôt.

 Sur ce registre, par exemple, on écrit que l’enfant était revêtu d’un linge grossier ou d’une chemisette de dentelle, ou bien encore qu’il était complètement nu ; on y écrit que les parents ont pleuré ou n’ont pas pleuré, les paroles qu’ils ont dites, leurs prières, leur sang-froid, leur gaîté ; on y mentionne le jour, l’heure de l’entrée, le nom de l’enfant, s’il avait un nom, et souvent la maladie dont il était rongé. 

Vous remarquez là une tournure de renseignement. 
Enfin, quand la victime meurt, on y prend date qu’elle est morte. 

Ce registre représente donc les annales volumineuses et précises de la plus extraordinaire chronique qui ait jamais existé. 
Au surplus, ce memorandum de l’hospice, ce grand livre de la dette publique, est rédigé dans un but utile. 
Lorsqu’on désire reprendre un enfant des mains de l’État, les pages vieilles et jaunies fournissent le signalement ; vous achetez le souvenir du registre ; on vous marchande le bout de ligne qui seul dans le monde réduit en symbole votre paternité, et tient votre fils sous trois mots.
 Aussi les employés de l’administration gardent-ils ce livre fameux avec un respect de bedeau ; ils prennent des gants pour l’ouvrir : c’est une relique. 
Sacrifiez au Dieu ; le tabernacle sautera.
 Encore un louis, on vous donnera du papier pour transcrire.
 Personne n’a vu ce livre, personne, pas même l’administrateur qui le plonge dans une armoire : il tremble d’ébruiter lui-même le mystère doré.

Merveilleux impôt qui, levé sur des retours de tendresse ou de fortune, frappe droit au consommateur 

 Il était impossible d’asseoir plus équitablement la balance entre le prêt à usage et la redevance en nature. 

C’est un chef-d’oeuvre de jurisprudence bureaucratique.



Hélas ! que ne sommes-nous Espagnols ou Prussiens ! on verrait des femmes perdre à dessein leur enfant pour le savoir trouvé. A Madrid, les enfants-trouvés sont tous censés légitimes : d’où il suit que les bâtards couvrent les rues ; En Prusse, sous le grand Frédéric, prince soldat, et par conséquent très-habile à soigner les populations, les filles-mères nourrissaient publiquement leurs enfants, et prenaient rang dans le monde à côté des femmes mariées. Ceci était renouvelé des Grecs. Hâtons-nous donc d’ajouter que Frédéric passait pour un monarque philosophe. Je n’ai jamais été en Prusse ; mais il est probable que cette tolérance philanthropique du grand roi sera tombée en désuétude.


Il y a un fait curieux et que j’abandonne aux rêveries des utilitaires.
 Comparativement aux autres capitales de l’Europe, et eu égard à sa population, la ville de Paris est celle dont les hospices reçoivent, année commune, le moins d’enfants-trouvés ; et pourtant c’est la France, parmi les nations, qui se montre la plus ingrate à fixer le sort de ces rejetons de la misère.

 A Londres, leur éducation sent l’école de Franklin et l’hospitalité d’un peuple industriel. On va même jusqu’à leur donner de bonnes moeurs et quelques vertus ; ce qui est très-rare chez nous. 

J’ajouterai que, par une mesure de police, les mères sont obligées de se présenter avant les couches. Leur nom échappe au déshonneur de l’enregistrement ; et la honte de la comparution n’amène que les plus misérables et les plus effrontées. En Russie, à Naples, on laisse parler les dispositions naturelles des orphelins avant de leur enseigner une profession ; et Moscou renferme un hospice où les enfants apprennent la danse, la musique et tous les accessoires de l’art dramatique, sur un théâtre qui est tout entier leur ouvrage ; et cet hospice fut le premier auquel Napoléon envoya une garde, le soir même de son entrée à Moscou.

Ici, à peine adulte, l’enfant-trouvé reçoit, avec le congé de l’administration, un brevet de domesticité. 

La société, traitant ces malheureux en régie comme les tabacs, veut bien les élever en masse au dernier étage de ses catégories ; on les disperse, bon gré, mal gré, dans la classe la plus commune, avec le présent d’une instruction étroite ; et si le Paria, étonné du massacre de son intelligence, tressaille dans son habit de bure, et mord le collier d’ilote, on lui jette un rabot, une pioche, ou la faim. 
Justinien,enfant trouvé, intelligent sort du cours. 

Justinien Trouvé ou le Bâtard de Dieu
Justinien Trouvé ou le Bâtard de Dieu 
 film de Christian Fechner
Du roman Dieu et nous seuls pouvons
, de Michel Folco

Le choix n’est pas douteux.


Et si je vous disais que la moitié seulement recueille cet héritage, et que l’autre meurt, décimée par la privation du lait maternel, l’incertitude de la science, et l’infection des maladies honteuses ? 

Aujourd’hui, près des trois cinquièmes des enfants-trouvés succombent dans la première année de leur âge. Sur les nouveau-nés, il en périt le quart en cinq jours, et plus des deux tiers après les premiers mois. 
Cinq ans après le jour où huit enfants auraient été déposés ensemble à l’hospice, il en resterait trois vivants. 
Mettez douze ans, et vous n’en trouverez qu’un seul ! 

Avouons que l’art et l’administration sont impuissants à conjurer cette horrible ruine : elle dépend de mille causes, locales ou hygiéniques, qui sont au-dessus de leurs ressources. Toutefois il est consolant de mentionner que le chiffre de cette mortalité décroît de jour en jour ; et les résultats obtenus jusqu’à cette heure, sous ce rapport, on totalement modifié la situation que présentait, il y a quarante ans, l’hospice des Enfants-Trouvés.

 A l’appui de mon dire, je me permettrai de citer un fait. Maintenant des voitures commodes transportent à Paris les nourrices du fond de leurs campagnes, et chaque département possède une succursale de l’hospice où les nouveau-nés sont reçus dès qu’on les présente.

 Croirait-on qu’avant la révolution, l’établissement de la capitale devait suffire à toute la France, et que les enfants étaient traînés de chaque point du royaume pour prendre à ce bureau central un billet de vie ! 
C’était le plus souvent un certificat de mort. Un homme, un portefaix, traversait à pied les provinces, portant sur son dos une hotte où s’ouvrait une boîte matelassée qui pouvait contenir trois nouveau-nés. 
Cet homme, à travers la poussière, la boue, le soleil des grandes routes, le branlebas des auberges, cheminait paisiblement vers Paris. 
Les enfants, debout dans la boîte, aspiraient l’air par le haut.
 De temps en temps, l’homme s’arrêtait pour prendre ses repas et faire sucer un peu de lait à ses compagnons.
 Quand il ouvrait le coffre, il en trouvait presque toujours un de mort. Sans plus de souci, il jetait le cadavre et rebouchant le vide qu’il laissait, achevait tranquillement son voyage avec le reste du ballot. 
A son arrivée, on lui délivrait un reçu de la marchandise.
 Il ne répondait pas des avaries.


Si le système actuellement suivi a fait disparaître ces déplorables traces d’imperfection, l’oeuvre sans doute est méritoire, mais le bienfait est perdu. 
En France, comme dans les autres états du continent, l’amélioration progressive du régime des hospices marche en raison directe de l’accroissement du nombre des enfants abandonnés ; de telle sorte, qu’à la vue d’un pareil résultat, tout individu, sans être doué d’un fort esprit, se surprend à convenir qu’il serait peut-être heureux, pour la cicatrisation de cette plaie sociale, que les nouveau-nés mourussent étranglés par leurs mères, dévorés par la faim, ou raidis de froid sur le pavé. 

C’est l’opinion savante de Malthus, célèbre économiste allemand, qui a écrit un admirable ouvrage sur la charité.
 Ce terrible arrêt n’est pas sans appel, mais en présence du chiffre des admissions à l’hospice de Paris, on ne peut se défendre d’y ajouter foi. 
Dans ces dernières années surtout, le nombre des nouveau-nés admis s’est accru d’un tiers par mois. En 1830, on a compté jusqu’à cinq mille deux ou trois cents dépôts ; et dans le cours de l’année présente, où le malaise général a frappé plus vivement sur les classes indigentes de la population, le mouvement des entrées s’est encore élevé.
 J’ai sous les yeux un billet de salle, daté du 3 septembre, dont l’immatricule porte le numéro 4202, et nous entrons dans l’hiver !


On a remarqué que les commotions politiques poussaient toujours au recrutement des enfants-trouvés. 

Après la réaction thermidorienne et au sein des illusions patriotiques du directoire, le nombre augmenta du double en dix-huit mois. 
Soit que le désir de réparer les trouées ouvertes par le couteau de la terreur fût aussi vif sous la mansarde des prolétaires qu’au milieu des orgies du Luxembourg, soit que les femmes, singulièrement éprises de la mode attrayante appelée demi-terme, en eussent épuisé toute la fleur, et puis redouté tous les fruits, l’ère républicaine se grossit à merveille de cynisme maternel.

 Cette boutade d’enfantement s’accordait de façon très-logique aux goûts militaires du futur dictateur, qui se proposait de rétablir si activement l’équilibre des populations.

 Mercier assure, dans son Tableau de Paris, qu’on parla long-temps du projet d’embrigader l’hospice, et de baptiser soldat tout enfant-trouvé. 




C’eût été une éducation à la Frédéric, la conscription au ventre. 
Le projet échoua, comme tant d’autres.

Mais l’influence des crises européennes, les noirs conseils de la misère, le plus sale raffinement de l’égoïsme, auraient beau charger toute la crudité de leurs couleurs, qu’elles pâliraient encore en regard du tableau de cette autre peste dont la débauche moissonne incessamment l’enfance, et qui perpétue au coeur de la cité l’héritage de la lèpre et la contagion du sang. 
Ici, trempons notre plume dans le ruisseau ; je vais vous peindre un égout.


Laissez-moi donc vous dire, et cette salle réservée où je suis entré avec un frisson d’horreur, et ces corbeilles blanches et vertes, berçant sous leur tenture un double sacrilége, et le sommeil pur des nouveau-nés qui dorment sur la foi du venin, et ces plaies hideuses dont l’homme a déplacé le supplice.

Avez-vous vu la galerie de Dupont, rue Vivienne ? c’est le même spectacle, plus la réalité des chairs, le tremblement des lèvres, le bruit de la respiration, et la moiteur de la peau. 
Les pauvres enfants illuminent du sourire des anges le masque infernal de leur réprobation. 

Il y en a qui portent une griffe au front, et semblent rêver du ciel ; ceux-ci, dans le saisissement de la douleur, entr’ouvrent éternellement la bouche comme si leur âme passait ; d’autres, vous regardent fixement avec des yeux si grands, si bleus, si pénétrés d’une vive lumière, que tout ému vous vous penchez sur le berceau pour baiser leurs paupières : ce sont des cadavres.
 Ils reposent, rangés là contre les murailles, ainsi que des ombres heureuses qui attendent le réveil.

 A voir l’empressement des soeurs de saint Vincent de Paule autour de ces victimes, on devine qu’elles placent dans leur salut la plus digne oeuvre de leur mission chrétienne.
 Sitôt qu’un enfant expire, on couche sur son corps inanimé un crucifix, on ferme les rideaux, et on place au sommet une petite couronne de marguerites blanches et d’immortelles.
 Ainsi distinguée pour quelques heures entre toutes ses compagnes, la fleur, que le mal et la mort ont flétrie, demeure un gage de réconciliation divine. 
La mère peut-être maudit encore le nouveau-né que déjà il implore grâce pour elle.

Femme qui me lisez, femme du faubourg noble ou de la rue d’Antin, oubliez quelque jour, par une matinée brillante d’hiver, la croisée voluptueuse qui vous tamise vert et jaune l’éclat du soleil ; oubliez votre garde-feu d’ambre, aux croquis chinois, aux arabesques perlées ; et dirigez votre promenade vers cette maison blanche de la rue d’Enfer, dont j’ai essayé de vous tracer l’histoire. Certes, l’enchantement d’une vie parfumée n’émigrera pas à votre suite pour gravir le plateau du quartier latin ; vos jolis pieds s’embarrasseront dans les langes qui jonchent les larges corridors, et sèchent au chambranle des hautes cheminées. La voix grave des soeurs, le cri des enfants nouveau-nés, le tableau de leur martyre, ébranleront vos nerfs délicats. Mais vous devez cette visite au refuge des misères que votre sexe alimente pour moitié. Car, devant le berceau de l’enfant-trouvé, vous pourrez dire comme Fontenelle, et en versant des larmes : L’amour a passé par là.

Passage tiré du tome 2
De ce livre