jeudi 1 mai 2014

Le Temps des Cerises...

J'ai 8 ans, je suis assise dans l'herbe, non loin de moi, mon grand père cueille des cerises.

Tu pourrais aider ton grand père, m'intime la voix maternelle.
Oui, mais je suis occupée, je lis!

Ma mère, lève les yeux au ciel, mon goût pour la lecture l'agace.

Laissez la lire, répond pépé, qui grimpe toujours plus haut dans son cerisier.
Attention où tu mets le pied, lui dit ma grand mère, c'est pas costaud une branche de cerisiers!

Je suis prudent grommelle mon grand père, tu ne va pas m'interdirent d'aller disputer les meilleures cerises aux moineaux.

Une femme n'a pas besoin d'être intelligente estime ma mère

(Ma mère a toujours eu des idées saisissantes).                                                                                           Qu'une fille sache lire était selon son propre grand père, était parfaitement superflu.

C'est la loi du 16 juin 1881
de Jules Ferry,qui rend l'enseignement primaire public et gratuit,
ce qui permit de le rendre ensuite obligatoire par la loi de 1882
Ili impose également un enseignement laïque dans les établissements publics..


Ce pater familias, a envoyé sa tribu à l'école, filles et garçons, les jours de pluie et de désœuvrement, le reste du temps, il avait besoin de bras, ses enfants travaillaient dans ses champs.

C'est une obligation d'instruction et non de scolarisation
 l'article 4 indiquant que l'instruction peut être donnée dans les établissements d'instruction,
 les écoles publiques ou libres ou dans les familles.
 L'école elle-même n'a donc jamais été obligatoire ni dépendante.

Malgré, une assiduité réduite, ma grand mère a décroché son certificat d'études.
Laissez la nous a dit l'école,à son père : votre fille pourrait devenir institutrice.
Non, a t il répondu, priorité aux garçons, faites donc de mon fils un instituteur.
Mais lui, deux ans plus tard, a raté son certif.      
Son père a râlé, il a tenu l'école responsable de cet échec.
On est pas tous égaux, lui a répondu l'instituteur, votre fille avait des possibilités, pas son frère.

La conversation des adultes dérivent sur les bienfaits de l'instruction.

Je ferme mon bouquin.

Mon grand père, me lance des noyaux!
Généreux, il m'offre une poignée de cerises rouges.
Vient, les prendre sur l'arbre, les meilleures sont celles qu'on cueille soi même.
Il incline des branches à ma hauteur, pour que je puisse me régaler.



Je demande : avant, les enfants n'aillaient pas à l'école?
Cette question fait rire mon grand père.
Non, dit il LE PEUPLE N'A PAS LE DROIT DE S'INSTRUIRE
Mon grand père, chante une chanson qui parle de cerises et  de merles moqueurs...
Savoir lire, c'est primordial, pour un homme, pour une femme aussi, tout le monde sait ça, dit mon grand père, à l'attention de sa bru. Mon père va ajouter son grain de sel, ma mère connait l'importance de la lecture, puisqu'elle a un livre de chevet, son livre de messes!
Mon grand père, glousse, "c'est pas un vrai livre"

Du même Jules en 1879 qui déclara : « Dans les écoles confessionnelles, les jeunes reçoivent un enseignement dirigé tout entier contre les institutions modernes.Si cet état de choses se perpétue, il est à craindre que d'autres écoles ne se constituent, ouvertes aux fils d'ouvriers et de paysans, où l'on enseignera des principes totalement opposés, inspirés peut-être d'un idéal socialiste ou communiste emprunté à  cette époque violente et sinistre comprise entre le 18 mars et le 24 mai 1871. »

Un vrai lire, c'est quoi?

C'est un livre qui fait réfléchir dit mon grand père.




Ma mère ne s'appelait pas Louise.


"Tant que les études n'auront pas une méthode encyclopédique de manière à élargir l'horizon au lieu de le restreindre, il se joindra à tous les obstacles de la pauvreté qui entravèrent le vieux maître d'école, les obstacles du préjugé qui fait craindre ce qui ne fait pas partie du coin exploré."
Louise Michel 





1 commentaire:

Unknown a dit…

De République en république
Toujours cocu toujours content
On applaudit les bons truands
Au ventre rond au ventre blanc
Qui nous revendent les cerises
Qu'avait rêvé Monsieur Clément

Tous ces pontifes des Eglises
Tous ces suiveurs de régiments
Voudront nous manger tout vivant
Mais ils se casseront les dents
Sur les noyaux de ces cerises
Du verger de Monsieur Clément

Fugain