Lecture : thèse présentée à l’Université de Lyon , et soutenue publiquement le 22 octobre 2008
Pour obtenir le grade de Docteur en Médecine par Bénédicte GOUDARD :
Le Syndrome d’Aliénation Parentale. 22 Octobre 2008
Le Syndrome d’Aliénation Parentale décrit un processus d’emprise de l’un des parents sur les enfants, dans le but d’éliminer l’autre, et ce, avec la complicité des enfants. Ce diagnostic appréhende la réalité que de plus en plus de familles traversent après un divorce et permet de dépister un abus émotionnel grave.Par leur participation à ce conflit, les enfants sont les premières victimes, et les conséquences psychosomatiques sur leur vie future commencent à peine à être étudiées, mais promettent d’être redoutables.
Le parent aliéné est quant à lui mis au ban de sa famille, et cette exclusion se profile dangereusement au sein de la société dans laquelle il évolue, comme une extension tacite
La prévention par le diagnostic est la seule thérapeutique probante et sans effet secondaire…L’information, la communication libre sur ce sujet et le travail pluridisciplinaire sont les meilleures armes dans l’attente que les tribunaux s’organisent
A l’heure de la famille recomposée, le Syndrome d’Aliénation Parentale lance à la société le défi de redéfinir la parentalité. Elle revêt aujourd’hui des aspects multiples, et elle n’est plus superposable à la conjugalité. L’ère de l’enfant-roi (ou de l’enfant victime) a le mérite de rendre cet exercice plus exigeant. Le bon parent sera celui non seulement capable de répondre aux besoins de sécurité matérielle, affective, de développer l’estime et la confiance en soi de son enfant mais aussi celui apte à maintenir les liens avec l’autre parent, et par là même les relations sociales de son enfant.
Dans un monde où la loi de la jungle prévaut, les abus de pouvoir sont généralisés, et les blessures personnelles majeures, relever le défi de la prévention du SAP est une gageure. Mais le médecin n’est-il pas avant tout un philanthrope qui croit en l'homme et à son évolution.
La responsabilité d’un médecin est engagée en tant que premier confident de ces familles. Son devoir, avant tout, est de protéger des enfants, et ceci en conservant une position neutre et bienveillante, mais incitative.
Or, l’ignorance du personnel médico-social ne peut que faciliter la cristallisation de telles situations.
Et poser un diagnostic est impossible pour un oeil non averti, car vu de l’extérieur, tout va bien.
Cependant, ce diagnostic est indispensable, car la prévention est la clé pour préserver la santé mentale de nombreux enfants dans des situations de maltraitance psychologique.
Un ou plusieurs enfants sont « annexés », prennent parti pour un de leurs parents et se coupent de l’autre, jusqu’à devenir agressifs ou hostiles. Dans les cas les plus graves, toute visite est impossible et parfois, le conflit va jusqu’au meurtre du parent détesté. Tout se fait comme si subitement, le monde (dans le sens microcosme dans lequel naviguent les enfants) se simplifiait en « bons » d’un côté et « méchants » de l’autre. Les enfants restent du côté du parent aliénant, le « bon » parent, la famille et les amis proches de ce bon parent, et le parent rejeté que nous appellerons aliéné est considéré comme le « méchant », avec le reste de sa famille à lui, et ses amis. Ce système est la résultante d’une manipulation essentiellement inconsciente du parent aliénant, et du comportement des enfants eux-mêmes, qui perçoivent le parent aliénant comme victime, et veulent le soutenir tout en s’assurant du maintien du lien qui les unit à celui-ci.
Ensuite, les faits s’enchaînent sur un mode pervers et dans une chronologie telle, que l’entourage moins proche ne réalise pas ce qui se passe, et par acquiescement passif, entérine cette vision du monde. Plus le temps passe, plus cette version imprime la vie et les émotions de l’enfant aliéné, constitue sa réalité et dès lors devient « vraie ».
En somme, une fois le processus enclenché, aucune tendance spontanée de guérison ne s’observe, au contraire, la plupart des cas livrés à eux-mêmes évoluent vers la forme grave.
Il est certain que ce genre de situation ne date pas d’aujourd’hui.
Le syndrome d’emprise existait déjà au sein de certaines familles n’ayant pas vécu la séparation. Cependant, le syndrome d’aliénation parentale se développe de manière exponentielle depuis l’avènement du divorce et la séparation accentue tout syndrome d’emprise préexistant
Pour un observateur extérieur non averti, ces conflits semblent inextricables et le mettent en échec.
La victime d’une relation d’emprise est figée, paralysée, face à cet instigateur, sa seule issue est de courber l’échine. L’expérimentation animale a pu reproduire un comportement assimilable à celui de la victime. Des chiens ont été soumis à des décharges électriques répétées, alors qu’ils étaient attachés. Une fois libérés, ils n’avaient plus le réflexe de s’enfuir lorsque les décharges étaient de nouveau transmises
Les circonstances paraissent dérisoire, voire négligeable prise isolément, pourtant telle une araignée qui tisse sa toile fil après fil, elles vont participer au piège qui se referme sur la famille éclatée. Dans certains cas, les événements sont beaucoup plus dramatiques et précipités.
Le scénario est violent, brutal, et demande à l’enfant de prendre position dans l’urgence. Revenir en arrière sera d’autant plus difficile.
L’ENTOURAGE
Il joue un rôle fondamental dans la gestion de ces déchirements. Il représente une énorme masse passive si je puis dire, qui va participer à faire basculer la balance d’un côté ou de l’autre. Le parent aliénant imagine qu’il peut être le seul bon parent.
Si l’entourage accepte sa vision du monde, il va la conforter. La question de l’individu ne se pose plus. C’est la somme des « regards extérieurs » qui va contribuer à faciliter l’installation de cette situation ou non.
En bref, des voisins immobiles qui considèrent que chacun gère ses enfants comme bon lui semble et qui ne se permettront pas de dire que la situation est étrange, renforcent la position du parent aliénant. Le médecin qui ne pose pas la question du père ou de la mère absente facilite également la tâche de ce parent, même si cette interrogation va créer un grand malaise dans le cabinet.
Par leur silence, ils seront comme garants de la normalité de ce genre de relation pour le parent aliénant. Mais ils peuvent se montrer plus zélés et refuser à leur tour de revoir le parent aliéné décrit comme un monstre et cautionner ainsi la thèse du parent aliénant.
La vie est évidemment plus complexe. Le parent aliénant s’arrangera pour écarter les personnes qui ne soutiendraient pas sa cause. Le plus souvent les enfants aliénés sont progressivement « protégés » de toute mauvaise influence extérieure et évoluent dans un vase clos. Quant aux amis infidèles, eux aussi seront tout simplement rejetés voire calomniés
L’entourage peut également participer activement et inciter à l’aliénation.
Les parents du parent aliénant sont parfois les premiers à chercher à éliminer « l’autre » parent
LE TEMPS EST UN AUTRE FACTEUR NON NÉGLIGEABLE DANS LA FORMATION D’UN SAP
Et contrairement à ce que le sens commun voudrait croire, il en est l’ennemi implacable. Lorsque des enfants commencent à refuser de voir l’un des deux parents, à le rejeter, le compte à rebours est enclenché.
Si personne ne vient en aide à cette famille à ce moment précis, la situation ne pourra que s’aggraver.
Or, souvent, l’entourage intervient alors pour minimiser le problème et rappeler que le temps arrange tout.
Ce n’est pas du tout le cas.
Plus le temps s’écoule, plus le conflit se cristallise et plus il est difficile de revenir en arrière.
Effectivement, même si le recul manque, les enfants peuvent finir par revoir le parent qu’ils ont rejeté autrefois, mais lorsque c’est le cas, c’est 10 ans, 20 ans, voire 40 ans après.
Le temps a effectivement modifié la donne, mais à quel prix ?
La frayeur, elle n’est jamais avouée, mais représente un point clef de cette relation d’emprise.
Ce peut être l’angoisse que le parent aliénant se suicide, qu’il n’aille pas bien car c’est le discours tenu aux enfants. Le parent aliénant peut effrayer également les enfants par ses attitudes et paroles manipulatrices, son langage à double contrainte, son regard plein de sous-entendus.
Ce peut être également la peur du comportement du parent aliéné, diabolisé par le parent aliénant, qui entrave l’éventuel désir de liberté de l’enfant aliéné
La loyauté, tiraillés entre ces deux pôles, ils vont choisir le côté qui leur coûtera le moins d’énergie en apparence, c’est-à-dire le parent aliénant. Ce parent est souvent celui dont ils ont le plus peur d’être rejeté. Même s’ils se sentent soulagés dans l’instant, ils se retrouvent perdants, car ils sont prisonniers de l’un des parents, et obligé de trahir l’autre.
Ce choix est en réalité un non-choix qui va conditionner ultérieurement le sentiment de l’enfant. Il proclamera avoir décidé par lui-même de refuser de visiter le parent aliéné.
L’enfant se retrouve pris au piège de ces liens faussés : il devient à la fois responsable et victime lui aussi de ce processus. Comme le parent aliénant. Mais le parent aliénant « oublie » que ce n’est qu’un enfant et que ses soi-disant « choix » se calquent sur ceux du parent aliénant. L’enfant ne peut pas avoir le même degré de conscience qu’un adulte. Une fois le cercle vicieux du rejet enclenché, une fois que l’enfant a participé à ce processus par des actes, il ne peut plus revenir en arrière. Il a peur d’être rejeté par le parent aliénant, et il a peur de son comportement vis-à-vis du parent aliéné. Et surtout il a goûté à la toute puissance d’être traité comme plus valable que son autre parent par l’anéantissement de tout lien hiérarchique.
Le parent aliéné, de son côté, ne peut voir ses enfants que si le parent aliénant le veut bien.
Les relations ne sont plus spontanées car toute tentative de sa part est transformée en échec par le reste de la triangulation. Il en est purement et simplement éjecté.
Le terme « inceste platonique » mérite d’être discuté à ce niveau. Cette expression est utilisée par C. Eliacheff et N. Heinich dans leur ouvrage « Mères-Filles une relation à trois » pour mettre en valeur les deux aspects de l’inceste : la sexualité ET l’exclusion d’un tiers. Elle répond à la notion de «l’inceste sans passage à l’acte » définie par Aldo Naouri, qui considère qu’une relation mère-enfant est obligatoirement une forme d’inceste, mais appelle dans le meme temps les pères à davantage tenir leur rôle de séparateur. Cette expression « inceste » a l’avantage de souligner les dégâts psychiques encourus par un enfant englué dans une telle relation, fille comme garçon.
Le parent aliénant se considère comme le seul bon parent.
Le but inconscient ou non est de rejeter voire de détruire l’autre parent et de réparer sa blessure narcissique.
Ce parent jouit en apparence de toute sa santé mentale, et sait toujours présenter les faits sous un aspect qui lui est favorable.
Aucune étude à ce jour n’existe, permettant de cerner réellement un profil de parent aliénant.
Certains auteurs parlent de « dysfonctionnements parentaux mineurs ». Gardner évoque surtout des personnalités à tendance hystérique ou paranoïaque.
R. Dorey quant à lui détermine deux types de personnalités responsables de relations d’emprise : les pervers et les obsessionnels. P. C. Racamier évoque pour sa part les pervers narcissiques. En réalité, tous les profils de personnalité peuvent se voir, car les instigateurs sont « normaux » et responsables de leurs actes. Des situations de stress peuvent exacerber certains aspects de la personnalité d’un individu. Celui-ci pourrait peut-être revenir à la normale si des cadres clairs lui étaient rappelés.
Parent surprotecteur
Le parent surprotecteur se figurera qu’il est le seul « bon » parent, et à ce titre investi de la seule « bonne » autorité capable d’éduquer les enfants.
Il croit réellement bien faire et est convaincu de la nocivité potentielle de l’autre parent, qui de toute façon ne pourra pas faire aussi bien que lui. Il s’agit là d’une fragilité narcissique. Ce parent aura tendance à metre l’enfant dans un cocon pour qu’il ne lui arrive rien. Le parent aliéné étant perçu comme néfaste pour lui dans ses souvenirs et dans sa perception du fait de l’échec de leur vie en commun, il ne pourra assurer l’éducation correctement.
Parent vengeur
Le parent vengeur agira beaucoup plus consciemment. On peut le rapprocher de la figure du paranoïaque ou encore du pervers narcissique décrit initialement par Racamier, et popularise par M.-F. Hirigoyen.
Le parent paranoïaque vit dans la peur de l’autre parent et du mal potentiel qu’il peut faire aux enfants. Il sera le premier à accuser l’autre parent de toutes sortes de sévices imaginaires, d’un comportement violent ou totalement inadapté.
Il se montrera également très habile devant les tribunaux et pour rallier les anciens cercles d’amis communs à sa cause.
Le pervers narcissique est le plus redoutable. Familier des relations perverses, il utilisera les enfants pour atteindre l’autre à un degré plus ou moins fort. Son but est de détruire, et tous les moyens sont bons.
Tout a commencé bien avant la séparation.
L’agresseur a déjà multiplié les signaux à l’encontre du parent ultérieurement aliéné afin de le discréditer.
Sans qu’il n’y ait de signes évidents.
Tout se passe par des non dits,- que ce soit des regards, des petites mimiques ou par des refus répétés, des humiliations…L’autre n’est jamais assez bien pour lui. Parfois, pour « appâter » ses victimes, le pervers est capable de gentillesse transitoire, soudaine, qui confirmera sa victime dans le fait qu’elle n’a pas fait les choses correctement si son conjoint est désagréable avec elle, qu’elle le mérite.
Un climat de peur s’installe.
Un cercle vicieux est enclenché, dont la victime mettra du temps à sortir, pour peu qu’elle y échappe.
En cas de divorce, une des seules échappatoires possibles, le pervers narcissique continue sa traque.
Le parent aliénant joue sur deux tableaux et brouille les cartes pour apparaître aux yeux de ses enfants et donc à lui-même comme le seul bon parent.
La victime : Il va réécrire un scénario où il est la victime, et où les enfants sont assimilés à des victimes aussi, ce qui contribue subtilement à dénigrer l’autre parent.
Ce peut être par des propos tenus tous les jours, présentant l’autre sous son plus mauvais jour et responsable de tout. La répétition de ces propos suffira à convaincre l’enfant et à l’imprégner.
Les paroles ne sont pas nécessaires.
De petits signes suffisent, comme un haussement de sourcils lorsque l’enfant parle de l’autre parent, une moue qui sous entend beaucoup de choses, en parler comme l’autre, l’évoquer toujours avec un ton méprisant ou le considérant comme accessoire…
Le meilleur parent : Le parent aliénant joue sur tous les plans en se présentant également comme le seul parent parfait, avec comme corollaire la dévalorisation des capacités parentales du parent aliéné. Il utilisera le sarcasme : « Après toutes ces années, il a quand même réussi à t’emmener lui-même au foot ! », « Je préfère que mon enfant reste avec moi ce week-end, elle est malade » dira une mère au père de sa fille, en présence de l’enfant qui présente un rhume banal lors d’un week-end qu’elle aurait dû passer avec son père.
De fait, la surmédicalisation est fréquente, pouvant atteindre dans certains cas un Syndrome de Münchhausen par procuration.
L’enfant aime ses deux parents et se sent écartelé entre les deux initialement.
Il a une position d’ambivalence au moins pour un certain temps.
Mais puisque il s’agit d’une guerre il faut prendre position pour survivre.
Ceux qui ne font pas le bon choix sont immédiatement rejetés.
Le parent aliénant, par des non-dits, va inciter l’enfant otage à l’action et le transformer ainsi en enfant soldat. Il s’agira d’un petit acte en apparence anodin initialement, mais dirigé contre l’autre parent
Le manipulateur fera comprendre à son enfant que s’il a commencé par un geste, il peut aller encore plus loin pour lui plaire. Les actes à l’encontre du parent aliéné se font devant la fratrie, puis les voisins lorsque par exemple ils se roulent par terre en hurlant pour ne pas aller chez le parent aliéné. Ce regard d’autrui pérennise l’acte, le rend irréversible si l’enfant veut rester coherent avec lui-même et le monde dans lequel il vit, à savoir celui du parent aliénant. L’engrenage est lancé. Le seul mécanisme de survie pour l’enfant, pour s’arracher à sa culpabilité, est le clivage. Une fois clivé, il a « résolu » sa souffrance : pour ne plus ressentir de douleur il suffit de faire disparaître l’autre parent. Ce mécanisme constitue l’un des nombreux exemples de « raisonnement en boucle » du SAP : les enfants se replongent dans leur tourment au contact du parent rejeté. Leurs déclarations typiques « on ne veut plus te voir car tu nous fais souffrir » ou bien « on se sent bien mieux de ne plus jamais te revoir » sont donc partiellement sincères.
Nier le lien de parenté avec l’autre parent, en désidentifiant l’enfant
Il s’agit du paroxysme de l‘aliénation parentale.
Chercher à gommer et effacer la part de l’autre parent dans l’identité même de l’enfant.
Ceci peut venir du parent mais aussi de l’enfant pour lui plaire.
Ceci est toujours vrai dans le cadre d’un remariage où le parent aliénant va chercher à éliminer l’échec, la tache du passé dans une vie qu’il veut reconstruire comme parfaite.
Plus efficacement que des dénominations péjoratives, le parent aliéné peut être appelé par son prénom, afin de nier son rôle et les liens existant avec l’enfant. Cela lui sape du meme coup toute autorité ainsi que la place particulière qu’il détenait jusqu’à présent dans la vie et la construction de l’enfant.
Plus grave, le parent aliénant (il s’agira alors de la mère) peut entamer une procédure pour changer le nom de famille de l’enfant. Elle lui donnera ainsi son nom de jeune fille ou le nom du beau-père. L’enfant est alors amputé de son passé et d’une partie de son identité. Le prénom peut être remplacé dans les cas extrêmes. On rebaptise pour donner une nouvelle vie en quelque sorte, comme dans les sectes, ce qui majore encore la confusion identitaire et la dépersonnalisation.
Un certain pharisaïsme associé à une notion de « vérité » et à une « sainte rage » évoquent irrémédiablement des prétextes religieux
« Ca ne m’étonne pas d’elle ! » Le message dénigre la cible et sous-entend que le parent aliénant est le plus propre, au dessus de tout soupçon.
La fermeture et l’intransigeance de cette nouvelle famille ressemble à un comportement sectaire.
La notion de souillure et d’exclusion en découlent de fait.
Le parent aliéné n’a pas le droit de pénétrer dans le nouveau domicile du conjoint, il reste à la porte si jamais il venait chercher ses enfants. Ce comportement peut être reproduit par les enfants qui, même en l’absence du parent aliénant, peuvent rester cloîtrés chez eux et ne même pas daigner ouvrir la porte à l’autre parent.
Des enfants changent systématiquement de vêtements lorsqu’ils se rendent au domicile du parent aliéné, ces vêtements sont réservés pour cet usage exclusivement.
Toujours dans cette optique de souillure/pureté, une fille aliénée devenue adulte raconte comment sa mère accrochait systématiquement de l’ail, comme pour éloigner les vampires, si jamais son père venait à passer.
La notion de vérité est plus subtile: « Le copain de ta maman t’as montré son zizi, n’est ce pas ?
Ça c’est la vérité. » Il s’agit de tromper l’enfant sur la notion de vérité. Celui-ci perçoit que « la vérité » correspond aux propos du parent aliénant. Cette manipulation est particulièrement redoutable car si l’on interroge ensuite l’enfant en lui demandant s’il dit la vérié il répondra oui, en toute bonne foi.
Conspirer avec les autres pour renforcer la programmation ou « l’espionnage et les agents secrets »
Désigner le parent aliéné comme bouc émissaire à exploiter en donnant des « missions » à l’enfant se voit classiquement : encourager l’enfant à demander des cadeaux astronomiques, espionner, mentir, rapporter, dissimuler, voler des objets ou des documents. Le but est de renforcer la cohésion par la conspiration en n’hésitant pas à utiliser la communauté civile.
L’isolement
Le parent programmeur s’arrangera pour que l’enfant n’ait que des contacts limités avec toute personne ne partageant pas son opinion. Ceci est vrai surtout dans les premiers temps de la mise en place du SAP.
Une fois l’habitude ancrée, nul besoin d’entretenir la programmation et les enfants deviennent fermés à toute information ne cadrant pas avec le dogme de leur réalité.
Les confidences
Certains parents n’hésitent pas à dévoiler à leurs enfants des détails de leur vie intime, parfois du fait de leur détresse, ou pleurent sur leur sort en leur présence, les plaçant ainsi sur un pied d’égalité et obtenant leur soutien inconditionnel.
Typiquement, un parent aliénant déclare : « Je respecte leur décision de ne pas aller voir leur mère s’ils n’ont pas envie », il assurera à son enfant qu’il le défendra quoi qu’il arrivepour faire respecter son opinion. En revanche, aller chez le dentiste ou la grand-mère du parent aliénant ne se discutera pas… On sous entend que ce n’est pas grave de ne pas aller voir l’autre parent, que ça n’a pas beaucoup d’importance. La version perverse : « Je respecte ton courage pour affirmer ton droit à être entendu », dira le parent aliénant. Ou encore, dans la double contrainte : « Tu dois y aller, si tu n’y vas pas, il va nous faire un procès, il ne nous payera pas la pension alimentaire… »
La complaisance avec les enfants et la permissivité
La permissivité et l’« achat » des enfants en flattant leur immaturité ou en assouvissant tous leurs désirs (montagne de cadeaux, ne pas faire ses devoirs) sont des phénomènes très répandus. Le non-dit est clair : on fait croire à l’enfant qu’on le gâte pour le consoler du divorce et de la « méchanceté » de l’autre parent. De fait, les enfants développeront de la frustration vis-à-vis du parent aliéné.
Le parent aliéné est avant tout une victime.
Il est cependant issu d’un contexte. Il peut s’agir de problème familiaux passés, une histoire d’immigration ayant poussé à couper avec ses origines, un passé d’enfant aliéné, de bouc émissaire, une histoire personnelle de fuite, la peur de perdre une relation avec les enfants, des soucis de santé mentale, une colère intense à l’égard du parent aliénant, voire un désir caché d’abandonner sa famille. Cependant, tous ces arguments sont à utiliser avec précaution, car le monde médico-judiciaire et l’entourage le jugent facilement comme démissionnaire et responsable au moins partiellement de ce qui se passe, alors qu’il est dans l’impuissance, et surtout dans une situation bloquée
Impuissance: C’est le sentiment majeur de ce parent. Quoi qu’il fasse, tout se retournera toujours contre lui.
Une fois le processus enclenché, le moindre de ses gestes est TOUJOURS interprété de manière négative par ses enfants.
De la même façon, la plupart des gens sont toujours beaucoup plus réceptifs à des ragots négatifs que positifs
Humiliation et déchéance sociale
Le parent aliéné est déchu tacitement de son statut de parent.
L’humiliation est massive
. Se faire rejeter et rabaisser en permanence par ses propres enfants affaiblit peu à peu l’estime de soi du parent aliéné, ou le met dans une situation de rage silencieuse.
Il en arrive à avoir honte de parler de ses soucis.
La société en effet n’est pas tendre vis-à-vis des personnes rejetées et ne reconnaît pas ce problème.
Une mère rejetée par ses enfants passe pour une mauvaise mère quoi qu’il arrive. Quant au père, on comprend mal qu’un homme divorcé puisse attacher autant d’intérêt à ses enfants sans raison suspecte. Il devrait au contraire se réjouir d’être libéré de la contrainte de ses enfants. Le parent aliéné reste majoritairement le père.
Actuellement, se retrouver face à un enfant ou un parent aliéné condamne rapidement le soignant à l’impuissance
Le plus important est de parvenir à un diagnostic précoce, car plus ce trouble est dépisté tôt, plus la marge de prévention et de dialogue est importante.
CONCLUSION
Par leur participation à ce conflit, les enfants sont les premières victimes, et les consequences psychosomatiques sur leur vie future commencent à peine à être étudiées, mais promettent d’être redoutables.
Le parent aliéné est quant à lui mis au ban de sa famille, et cette exclusion se profile dangereusement au sein de la société dans laquelle il évolue, comme une extension tacite. Un bon soutien de l’entourage est indispensable pour éviter l’effondrement psychique (et physique) de la personne.
La prévention par le diagnostic est la seule thérapeutique probante et sans effet secondaire…L’information, la communication libre sur ce sujet et le travail pluridisciplinaire sont les meilleures armes dans l’attente que les tribunaux s’organisent.
A l’heure de la famille recomposée, le Syndrome d’Aliénation Parentale lance à la société le défi de redéfinir la parentalité.
Elle revêt aujourd’hui des aspects multiples, et elle n’est plus superposable à la conjugalité.
L’ère de l’enfant-roi (ou de l’enfant victime) a le mérite de rendre cet exercice plus exigeant.
Le bon parent sera celui non seulement capable de répondre aux besoins de sécurité matérielle, affective, de développer l’estime et la confiance en soi de son enfant mais aussi celui apte à maintenir les liens avec l’autre parent, et par là même les relations sociales de son enfant.
Dans un monde où la loi de la jungle prévaut, les abus de pouvoir sont généralisés, et les blessures personnelles majeures, relever le défi de la prévention du SAP est une gageure.
Mais le médecin n’est-il pas avant tout un philanthrope qui croit en l’homme et en son évolution