lundi 18 mai 2015

OUTREAU ET WIKI

On ne peut plus lire une information sur l'affaire d'Outreau en 2013 comme en 2005.

 Il est vrai que l'affaire avait suscité de l'émotion – beaucoup – de la colère aussi, et le scandale n'était pas non plus pour déplaire à nombre d'auteurs qui n'ont peut-être pas eu envie de faire les investigations qui auraient permis de relativiser les aspects les plus choquants.

"Outreau a ce pouvoir des histoires simples et qui font peur : chacun s'y retrouve et chacun s'y perd. Ce livre était presque achevé lorsqu'il m'est arrivé, à moi aussi, une histoire. Je suis partie en Irak le 15 décembre 2004. Je devais y rester un mois et terminer la rédaction à mon retour, pour le procès en appel prévu en mai 2005 aux assises de Paris. J'ai été enlevée le 5 janvier à l'université de Bagdad. En captivité, là-bas, je ne pensais pas que je finirais le livre...."

l'Affaire Outreau , Florence  Aubenas



WIKI dit prudence...

On n'a pourtant pas fini de parler de cette affaire qui reste très controversée, et qui revient régulièrement dans les débats. Comment pourrait-il en être autrement. Loin de se faire oublier, Outreau est maintenant devenu un nom propre, et ceux qui suivent les affaires de mœurs dans les chroniques judiciaires le voient régulièrement brandi comme une sorte de talisman réclamant la « prudence » des juges. Et pourtant, la doxa qui soutient cette vision n'est pas solide. Elle repose largement sur des copies verbatim de textes qui ont été diffusés par ou à l'instigation de la défense au moment des procès.



Affaire d'Outreau
L'affaire d'Outreau est une affaire pénale d'abus sexuel sur mineur, qui débouchera [sur une erreur judiciaire] et sur un véritable séisme sur les plans judiciaire, sociétal et politique.

Note :
 Erreur judiciaire lorsque des accusés innocents sont condamnés à tort
Ce qui n'est pas le cas à proprement parler puisque la détention provisoire de procède pas d'une condamnation.

Les enfants Delay ont trouvé injuste que leurs parents soient incarcérés alors qu'ils n'étaient pas les seuls adultes, et révélé la présence d'autres enfants, lors de viols en réunion. Les autres enfants- identifiés avec les déclarations de quatre adultes mis en examen et qui ont reconnu les faits – ont été placés en famille d'accueil, puis interrogés par les policiers, le magistrat instructeur et examinés par deux experts psychologues qui ont validé leurs paroles

En 2004., le procès a eu lieu dans la petite salle des assises du tribunal de Saint-Omer dont l'exiguïté a entraîné une disposition inadaptée, avec les présumées victimes étaient placées dans le box des accusés alors que les 17 accusés occupaient la salle d'audience en compagnie de leurs avocats et d'une centaine de journalistes.

Il est à noter que la défenseure des enfants, Claire Brisset – témoin des mauvaise conditions d'audition des enfants lors des procès[source– lemonde] n'a pas été invitée par la commission.


La justice rend un acquittement
La presse conclue à l'innocence.
 Il faudrait distinguer les rôles respectifs.


Chérif Delay dira dans son livre-témoignage « je suis debout » :
« J'ai attendu des heures et des heures... La nuit est tombée... Puis mon avocat est venu me chercher. On a traversé les couloirs jusqu'à une porte. L'avocat m'a demandé si j'étais prêt :
- On y va !
La suite, vous la connaissez. C'était un traquenard et je suis tombé dedans.
En quittant la barre, je répétais intérieurement « je ne sais pas, je ne sais plus... » 
J'étais choqué.
 Pour sortir, je me suis retrouvé face aux accusés.
 Ils jubilaient.
 Je voulais m'évanouir, crier, m'éclater la tête contre un mur, sauter par la fenêtre... »
Voilà sans doute ce que signifie « beaucoup de tact ». Il faut noter que pour une fois le huis clos a bien profité à la défense qui a pu raconter à sa manière cet « effondrement de l'accusation »



Par ailleurs, « ont reconnu avoir menti » est ici un raccourci plus qu'abusif
. Voici ce qu'en dit M. Stéphane DURAND-SOUFFLAND - un journaliste pourtant très suspicieux vis à vis de l'accusation - devant la Commission Parlementaire :
« Malheureusement, on nous a interdit de regarder les auditions des enfants. J’ai cru comprendre qu’ils ont été mieux interrogés par la présidente de la cour d’assises de Paris, car l’audience était moins chaotique qu’à Saint-Omer. On sait que certains se sont rétractés, tandis que d’autres ont maintenu leurs accusations.»


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