OUTREAU : DES MAGISTRATS DOUTENT TOUJOURS DE L'INNOCENCE DES ACQUITTÉS (BLOG)
Par la rédaction le 13/05/2015 - 19h01 - lu
Deux procès et deux vagues de relaxe n'auront pas suffi. Sur son blog, le journaliste indépendant Thierry Lévêque raconte que depuis dix ans et le dernier procès d'Outreau en 2005, de nombreux hauts magistrats sont convaincus que les innocents d'Outreau... sont coupables. Une "rumeur grotesque" pourtant très répandue, selon Lévêque.
"Dix ans après, ils ne l'ont pas digéré et transmettent la rancœur de promotion en promotion de l’École de la magistrature". Selon le journaliste indépendant Thierry Lévêque, de nombreux magistrats, qu'il croise depuis dix ans, lui répètent régulièrement que les treize personnes innocentées dans le cadre de l'affaire de pédophilie d'Outreau seraient coupables. Les acquittements de la plupart des accusés aux procès de Saint-Omer (2004) et de Paris (2005) ? "Ce serait le résultat d'une pression, voire d'un complot conjugué du monde politique, de la presse et d'avocats dévoyés. Les figures obtuses aussi bien que les esprits les plus modérés et éclairés des palais de justice vous répètent à voix basse et d'un air entendu ce petit refrain"
http://www.arretsurimages.net/breves/2015-05-13/Outreau-des-magistrats-doutent-toujours-de-l-innocence-des-acquittes-blog-id18906
Pour le journaliste spécialiste de la justice, c'est cette rumeur persistante qui serait à l'origine du troisième procès. L'un des acquittés, Daniel Legrand, comparaît une nouvelle fois pour les mêmes faits, parce qu'il était mineur au moment où une partie des faits sont censés avoir été commis.
Comment expliquer, malgré les deux procès, que la rumeur des "faux innocents" coure encore au sein de la magistrature ? "Cette affaire d'Outreau a été instrumentalisée par le pouvoir politique en 2005. La droite a voulu en profiter pour supprimer la fonction de juge d'instruction. Les syndicats de la magistrature ont donc toujours défendu le juge Burgaud, qui a instruit l'affaire", nous explique Lévèque. Je n'ai jamais entendu un seul magistrat reconnaître que Burgaud a mal fait son travail".
Et pourtant, sur son blog, Lévêque rappelle la liste des absurdités du dossier, qui auraient dû alerter le juge Burgaud et le parquet : des "récits décousus ou totalement incohérents" des enfants, une accusation de meurtre jamais démontrée, une ferme en Belgique (où aurait été commise une partie des faits) qui n'a jamais été retrouvée
Ce qui n'empêche pas des "gens au plus haut niveau de la magistrature" d'affirmer, encore aujourd'hui, que les acquittés ne sont pas tout à fait innocents. "Ces magistrats ont un vrai ressentiment à l'égard du monde politique et des médias, ils ne connaissent pas le fond de l'affaire mais assurent que ce n'est pas parce qu'il y a des éléments délirants dans les accusations que tout est faux", affirme Lévêque.
En 2009, déjà, lors de l'audience disciplinaire du juge Burgaud, un conseiller à la Cour de Cassation, Didier Beauvais, avait cru bon de prendre la défense du juge en affirmant que des soirées pédophiles étaient "habituelles" dans le Pas-de-Calais.
"Bienvenue
chez les Ch'tis"
voir l'affaire de la banderole en finale de la Coupe de la Ligue 2008,
Des propos ensuite démentis par l'intéressé, mais maintenus par le journaliste de la Voix du Nord qui les avait rapportés.
Le Nord avait alors été meurtri dans sa chair par une banderole déployée par des supporters du PSG en pleine finale de Coupe de la Ligue (victoire finale de Paris 2-1 contre Lens).
On pouvait y lire "Pédophiles, chômeurs, consanguins : Bienvenue chez les Ch'tis"
"Ces trois mots, par rapport aux gens de la région Nord-Pas-de-Calais, c'est dégueulasse", appuyait-il. "Pédophile, c'est-à-dire une référence à l'affaire d'Outreau, chômeur, compte-tenu de la situation sociale de notre région Nord-Pas-de-Calais, consanguin : je ne peux pas laisser passer", déclarait pour sa part le maire de Lens, Guy Delcourt.
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