Affaire d'Outreau :
Les victimes ont-elles affabulé ?
Jeudi 28 mai 2015 22:26 - Rennes
Les enfants n'affabulent pas pour l'experte
Dans ce contexte, c’est peu dire que l’audition de la psychologue Marie-Christine Gryson-Dejehensart était attendue. Auteure du livre « Outreau, l’autre vérité », l’experte qui a examiné les quatre enfants Delay au début des années 2000, a une nouvelle fois soutenu que ces derniers« n’affabulent pas ».
Sur le banc de la défense, les avocats de Daniel Legrand se mettent à bouillir. Non seulement, Jonathan et Dimitri ont répété à la cour que l’accusé était présent lors des viols collectifs – malgré les démentis de leurs parents – mais la psychologue lit la déclaration de l’un des garçons lors de son examen : « Il y avait vingt personnes tous les week-ends. »
L’experte poursuit : « Au cours de ce récit, il revoit la scène. Il revit ces instants traumatiques. Un enfant qui affabule, réfléchit. Là, ce n’est pas le cas. Le récit est spontané. Il est dans la sidération. »
Marie-Christine Gryson-Dejehansart
L'enfant a tendance à minimiser
Le président de la cour s’interroge : ne peut-on malgré tout pas imaginer que ces enfants aient impliqué des personnes qui n’auraient pas été présentes ? « Dans ces cas-là et d’une manière générale, l’enfant a plutôt tendance à minimiser, à vouloir être comme les autres. À propos d’une fellation, il pourra ainsi dire qu’on lui a fait mal au bras », répond la psychologue.
Cette dernière en est convaincue : « Un enfant ne se trompe pas de personne. La justice a reconnu ces quatre garçons comme victimes, mais pas la société. Ils vivent avec ce que leur renvoie les médias : le mensonge, la mythomanie… Et c’est insupportable pour eux. »
Pour Me Berthon, c’en est trop.
Il interroge frontalement l’experte. « Personne ne dit que ces enfants ne sont pas victimes ! Mais vous avec quelques autres, vous essayez de faire passer l’idée qu’il y aurait une autre vérité judiciaire ! » Autrement dit, que les enfants ne se sont peut-être pas trompés sur tout et qu’il pourrait y avoir d’autres violeurs en plus de leurs parents et du couple de voisins. « Par quoi êtes-vous motivée ?,demande-t-il à la psychologue. Il n’y a que vous qui véhiculiez l’idée que ces enfants ne sont pas victimes ! »
Il interroge frontalement l’experte. « Personne ne dit que ces enfants ne sont pas victimes ! Mais vous avec quelques autres, vous essayez de faire passer l’idée qu’il y aurait une autre vérité judiciaire ! » Autrement dit, que les enfants ne se sont peut-être pas trompés sur tout et qu’il pourrait y avoir d’autres violeurs en plus de leurs parents et du couple de voisins. « Par quoi êtes-vous motivée ?,demande-t-il à la psychologue. Il n’y a que vous qui véhiculiez l’idée que ces enfants ne sont pas victimes ! »
Parole fragile
Entendu en fin d’après-midi, le professeur Jean-Louis Viaux est, lui, plus nuancé. Il en convient : « Il n’y a rien de plus fragile que la parole d’un enfant. On peut manipuler sa mémoire. »
SOURCE : Pierrick BAUDAIS. Ouest-France